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La femme invisible veut-être démasquée !

written by Solène 29 avril 2020

Que s’est-il passé ce weekend ? Le confinement a fêté sa quarantaine, le conseil scientifique a déconseillé une réouverture des écoles et Super Trump a encore frappé à grands coups de désinfectant.
C’est à se demander si, en réalité, il ne mange pas son auto-bronzant… ce qui expliquerait quand même un certain nombre de choses. Bref, même confiné le monde continue de tourner. Même s’il tourne un peu à l’envers, nous en conviendrons.

Et puis, il y a quand même un événement sur lequel les regards se sont très peu portés et qui justifie ainsi son nom, c’est la Journée Internationale de la Visibilité Lesbienne.

Si vous lisez ces lignes, que le féminisme est un concept qui résonne en vous, alors vous faites probablement partie de ces gens qui se fichent éperdument de l’orientation sexuelle de leurs pairs. Et vous pouvez même être étonnés qu’une telle journée soit nécessaire. Après tout, nous sommes en 2020, chacun fait bien ce qu’il veut de son c** n’est-ce pas ?

Ce à quoi beaucoup répondront, que oui chacun fait ce qu’il veut mais à l’abri des regards, chez eux. Je suggère à ces personnes d’appliquer le confinement à leur vie tout entière, après tout, ce sont eux qui sont dérangés, non ? Et je pèse mes mots, vous me connaissez.

C’est quand même intéressant de voir à quel point nous vivons dans un monde à deux vitesses où nous ne sommes pas très clairs sur ce que nous attendons des femmes. On observe par exemple, qu’à l’heure où beaucoup de femmes sont jugées parce qu’elles ne veulent pas d’enfants, on empêche d’autres d’en avoir. Ou encore, que les injonctions diffèrent selon l’orientation sexuelle. Aussi nous vivons de grands débats (coucou Manu !) sur des sujets aussi insignifiants que la coupe de cheveux : une femme aux cheveux courts, c’est une fashion victim ou une lesbienne ? Vous avez 3h. Débat qui peut paraitre superficiel, mais Ô combien révélateur d’une mentalité.

Bref, des réflexions qui n’ont ni queue ni tête. Pour ne pas dire ni queue ni chatte, mais je ne voudrais pas être vulgaire, ce n’est pas mon… genre.

Aujourd’hui en France, en 2020, 85% des lesbiennes interrogées affirment avoir déjà été victimes de lesbophobie. C’est-à-dire que du simple fait de leur orientation sexuelle, à savoir aimer les femmes, elles font l’objet d’insultes, de rejets, de discriminations, d’harcèlement, et d’agressions physiques. Rien que ça.

Ce qui, disons-le clairement, n’est pas super sympatoche et surtout extrêmement étrange dans un monde où le fantasme n°1 des hommes est de faire l’amour avec deux femmes. Ah, on me glisse dans l’oreillette que le succès de ce fantasme réside dans le simple fait de faire du membre tout puissant de notre mâle alpha, le héros de la situation. Parce que c’est bien connu, pas de teub, pas d’orgasme. Vous aussi, vous riez ? S’ils savaient.

Mais attention, de lesbophobie n’est pas seulement responsable l’homme mais également la femme. Vous savez, parce que « C’est contre nature-han et la colère de Dieu va s’abattre sur la France-han » (revoir la vidéo ici). La femme peut être capable des pires propos pour préserver la stabilité et l’équilibre de son monde. Où parfois c’est « juste » de l’ignorance ou de la bêtise. Le propos n’en est pas moins douloureux pour celle qui le reçoit.

85%, donc. Je ne voulais pas plomber votre dimanche mais j’aime faire parler les chiffres plutôt que mon humble expérience. Il permet parfois de remettre les barres sur les t et nous enlever ainsi de la tête que « maintenant, quand même en France, c’est rentré dans les meurs ».

Non, malheureusement nous sommes encore très loin de ça. Aussi loin que Jean-Claude Duss avait une chance de conclure.

Au même titre que la femme de manière générale n’est pas libre de ses mouvements sans qu’ils soient passés au crible et peine à être l’égale de l’homme ; la lesbienne elle, comme toute la communauté LGBT, cumule les mandats. Elle se bat chaque jour pour bien plus que le fait d’aimer une autre femme : elle se bat pour faire entendre sa légitimité d’être.

Et ça n’a jamais été un choix. Bordel. 

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