Home Billets d'humeur Karl Lagerfeld, le génie à la lampe maudite.

Karl Lagerfeld, le génie à la lampe maudite.

written by Solène 22 février 2019

Karl Lagerfeld s’est éteint ce 19 février 2019 à l’âge de 85 ans. Un drame pour le monde de la mode, une délivrance pour les femmes. 

Un couturier de génie

Karl Lagerfeld a mené une carrière brillante dans l’univers impitoyable de la mode. Génie de la matière, des coupes et des couleurs, il est passé par les plus grandes maisons, de Balmain à Fendi. Mais, son plus beau rôle aura été de perpétuer avec brio l’esprit Chanel, celui de Coco, au fil des années dans la maison de la rue Cambon.

J’ai une profonde admiration pour son talent. Je découvrais, chaque saison, les collections avec des étoiles dans les yeux. Chics, élégantes, justes, belles. Il était un créateur de génie. L’élégance et le chic à la française ont traversé les années et les frontières en partie grâce à lui. Homme inspiré et inspirant qui faisait de la magie d’un tour de baguette crayon.

Et pourtant. Avec une telle influence, n’aurait-il pas pu faire plus ou mieux ? 

karl lagerfeld

Une lampe maudite

Parce qu’au milieu de tout ça, il y a la femme. Le créateur l’encensait un jour, la descendait un autre jour. Il les encourageait à l’émancipation, jouant le jeu de l’égalité de droits, de la femme forte, de la guerrière. Brandissant fièrement la pensée de l’avant-gardiste Gabrielle. Malheureusement il était bien trop souvent rattrapé par ses propos.

Une franchise à toute épreuve qu’on ne saurait lui reprocher à la différence de certains qui avec de belles images ne montrent finalement rien. Karl, c’est l’histoire d’un génie sorti de sa lampe mais dans laquelle est restée enfermée sa vision de la femme. Oui, pour l’homme, une femme se devait d’être belle et mince pour exister.  D’ailleurs de manière générale, seuls les gens beaux avaient le droit d’exister.

karl lagerfeld

Il encourageait l’idée qu’une femme n’est qu’un corps, une marionnette avec laquelle il peut jouer. L’idée qu’une femme doit se laisser tripoter « puisqu’elle a accepté d’être mannequin ». La femme est à la disposition de celui qui la possède, qui l’utilise. Dans ce cas précis, la femme est au service de la mode et non l’inverse. Il a décidé de faire grandir cette vision, de l’entretenir, de l’appliquer et de l’imposer. Son influence était telle qu’il aurait pu tout changer dans la mode. Tout. Pour la rendre meilleure, plus belle, plus tolérante, moins oppressante. Il en a décidé autrement.

karl lagerfeld

La pensée d’un vieil homme original me diraient certains ? Une dizaine de paroles malheureuses pour des décennies d’excellence artistique, peut-être. N’était-ce que des « dérapages » ou la partie immergée de l’iceberg ? En tout cas, l’impact de telles paroles lorsqu’on a une si grande influence est trop important pour être ignoré.

« Personne n’a envie de voir des femmes rondes sur les podiums (…) Ce sont les grosses bonnes femmes assises avec leur paquet de chips devant la télévision qui disent que les mannequins minces sont hideux » (magazine allemand Focus, 2009).

Un couturier de génie s’en est allé et sera regretté, c’est certain. Mais, est-il réellement possible de séparer l’homme de l’artiste ? 

> > > Voir les shootings de Bobonne < < < 

Vous pourriez aussi aimer

2 comments

Elisa 22 février 2019 at 14 h 39 min

Merci pour ces mots! Personnellement, je n’ai pas compris pourquoi il a tellement été encensé cette semaine. C’était un immense créateur, peut-être mais en ce qui me concerne, j’ai du mal à voir le talent quand le personnage est obsédé par la maigreur et facho à ses heures.

Reply
Solène 22 février 2019 at 15 h 39 min

Oui toujours ce dilemme entre l’homme et l’artiste, d’ailleurs il est plus rare que l’on ait du mal à faire cette distinction lorsqu’il s’agit de femmes 😀

Reply

Leave a Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.