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La tribune de Catherine et ses copines, on adore…ou pas !

written by Solène 12 janvier 2018

Suite à la tribune des 100 femmes « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle », je me permets de faire passer quelques messages, au cas où certaines personnes n’aient pas conscience de la vie d’une femme au quotidien. 


Mes passages préférés :

« Elle peut veiller à ce que son salaire soit égal à celui d’un homme, mais ne pas se sentir traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un délit. Elle peut même l’envisager comme l’expression d’une grande misère sexuelle, voire comme un non-événement. »

« Cette justice expéditive a déjà ses victimes, des hommes sanctionnés dans l’exercice de leur métier, contraints à la démission, etc., alors qu’ils n’ont eu pour seul tort que d’avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses « intimes » lors d’un dîner professionnel ou d’avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l’attirance n’était pas réciproque. »


Chères Catherine et ses copines,

Je suis désolée Catherine, vous portez le même prénom que ma maman et je vous pensais être également une grande dame. Mais aujourd’hui je suis déçue. Injustement vous êtes la plus couverte médiatiquement alors que vous n’êtes pas la seule à avoir signé cette fameuse tribune parue dans Le Monde. Mais la vie est injuste Catherine. Vous êtes plus de 100 si je ne m’abuse à penser qu’on devrait – entre autres – laisser les hommes nous importuner, allant de la drague lourde au frotteur du métro (mes préférés). Vous avez raison. Importunez-nous messieurs nous adorons ça.

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Une des copines de Catherine : Catherine Millet: «Je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée parce que je pourrais témoigner que du viol on s’en sort» – De mieux en mieux.

Une belle journée à Paris

9h10

Il est vrai que j’aime, de bon matin, sortir de chez moi et croiser ces individus plus délicats les uns que les autres. Le premier est souvent au coin de ma rue et aime me regarder déambuler. Il m’observe amoureusement de haut en bas tel un bon steak qu’il aimerait déguster. J’imagine la scène : « Un tartare aller-retour, s’il vous plait, cru mais pas trop, wouarf wouarf« . Quel délice de me sentir ainsi considérée. J’ai des petits papillons dans le ventre à l’idée de le recroiser demain matin, pour j’espère plus si affinités !

Puis, je m’engouffre dans le métro, j’attends sur le quai entre cet homme en costard et cet autre en baskets qui me regardent (décidément, c’est mon jour, youpi) une fois, deux fois. trois fois. Je détourne le regard pour leur faire comprendre à quel point j’adoooore qu’on m’importune dès le matin quand je n’ai pas encore pris mon thé, mais ils insistent : des regards, des sourires. J’ai très envie de poursuivre ces échanges mais le métro arrive, je m’empresse alors d’avancer sur le quai, pour entrer dans une autre rame qu’eux. Fuis-mois je te suis, suis-moi je te fuis (wink, wink).

9h15

J’entre dans le métro, il est bondé comme d’habitude, mais un peu de chaleur humaine et d’aisselles transpirantes viennent parfaire mon début de journée. Je me faufile entre un homme qui essaie de lire tant bien que mal son journal (probablement une tribune pertinente qui le fera se sentir tout puissant), une femme avec sa poussette, un homme à chapeau, trois filles en Stan Smith, un homme en short de sport et deux hommes à barbes.

Je sens alors au bas de mes reins puis sur mes fesses, un volume résistant. Serait-ce une raquette de tennis ? Etrange, je n’ai vu personne avec un sac de sport, ou alors était-il caché au fond ? Oh, non, beaucoup mieux : Un penis. Cela me met en joie. L’homme a probablement surpris mon regard aguicheur qui lui tournait le dos. Quel coquin. J’aime tant sentir son sexe contre mes fesses faire des va-et-vient pendant que j’essaie de m’en défaire. Un joueur en plus, qu’est-ce qu’on s’amuse. Trop de plaisir qu’un inconnu me fasse l’honneur de cet attouchement. Je suis presque à deux doigts de me retourner pour lui tailler une pipe (perdon my french!) tellement je trouve cela plaisant et approprié. Et puis, j’aurais fait ma BA puisque le pauvre (bouh bouh) est en pleine « détresse sexuelle ».

9h40

Lorsque j’arrive au bureau, je suis toute guillerette. Qui ne le serait pas après avoir pris tant de plaisir dès le matin ? C’est alors que mes collègues de la gente masculine me demandent si j’ai mes règles. Et oui, cela expliquerait ma bonne humeur ! Qu’ils sont drôles AH-AH-AH. J’aime rire avec eux, le sexisme c’est mon dada.

20h30

Je rejoins mes amis dans un bar du 9ème arrondissement. Alors que je me dirige vers leur table en essayant de me frayer un chemin dans la foule, un homme à la voix éméchée et graveleuse m’interpelle et me lance un « Hey, tu suces ? » ! Quelle coïncidence, moi qui suis passée à coté d’une opportunité ce matin ! Peut-être vais-je avoir une chance de me rattraper ce soir. Chouette, chouette ! Je me retourne pour faire face à mon lourdeau interlocuteur et je le vois alors rire aux éclats avec ses amis. Décidément, que cette journée est marrante et pleine de rebondissements. On ne s’ennuie pas.

J’ai vraiment de la chance d’être une femme en 2018. Et puis après tout, qu’y-a-t’il de mieux que de contribuer à “la liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle.”

Team Oprah

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Chères Catherine et ses copines,

Contrairement à ce que vous dites, je n’ai aucune haine envers les hommes, au contraire je les aime beaucoup. Mais je les aime lorsqu’ils me traitent avec respect, discernement et comme leur égale.

Apparement nous ne sommes pas d’accord Catherine. Peut-être, est-ce dû à un conflit de génération (et pourtant il y a tout juste 11 ans entre vous et cette chère Oprah Winfrey) ? Ce n’est pas grave. Nous sommes largement plus de 100 à nous ranger du coté du féminisme. Pas celui qui fait la guerre aux hommes mais bien aux harceleurs et prédateurs, tout est dans la nuance! Je garde la foi. Le féminisme a encore de belles heures devant lui.

Je vous souhaite tout de même une belle journée, peut-être aurez-vous autant de chance que moi ! #frotteur. 

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Vous comprendrez, je l’espère, en lisant ces lignes écrites au second degré que nous rejetons, avec force et conviction, cette tribune.

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