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Rencontre avec Maxime, le co-fondateur de Karl&Max

written by Solène 11 janvier 2019

Des chaussures esthétiques et adaptées à tous les pieds ? Karl&Max l’ont fait ! 

Karl&Max, ou Charles et Maxime se sont lancé dans la belle aventure de l’entrepreneuriat pour prendre soin de nos petons. De la mode qui s’adapte à nous et notre style, c’est très Bobonne, alors nous avons voulu en savoir plus. Rencontre avec Maxime, le co-fondateur !

Toutes ces contraintes (ndlr : celles de l’entrepreneuriat) te forcent à une inventivité perpétuelle, à développer ta résistance à l’échec, à rencontrer des nouvelles personnes tous les jours, à prendre la parole en public, à t’adapter, à affronter de nouvelles problématiques en montant en compétence en permanence

Max, tu es le premier homme interviewé sur Bobonne, qu’est ce que ça fait ?

Solène, c’est une sensation étrange je dois bien l’avouer : un mélange de joie, de conscience du devoir, le tout nappé d’alacrité. Un peu comme une mère en forme de père, ce qui n’est pas forcément la meilleure des images à employer ici, quoi que… (Rires)

Plus sérieusement ça me fait très plaisir de savoir que notre idée ait pu te faire dévier légèrement de ta ligne éditoriale. Je dis légèrement car en définitive notre idée de l’habillement semble être la même et réside en une question simple ; pourquoi certaines personnes devraient être sacrifiées sur l’autel de la morphologie ?

Parce que si on y réfléchit le vêtement ne sert la plupart du temps qu’à deux choses : diminuer notre fragilité (face au froid, au vent ou au soleil par exemple) et nous représenter. Ces deux choses là ne sont pas inscrites dans la DDHC mais pourraient y être quand on observe la société dans laquelle on vit.

Tu es en train de vivre la belle aventure de l’entrepreneuriat qui n’est pas une entreprise facile (jeu de mot non voulu !). Qu’est ce qui te freine le plus et, au contraire, qu’est-ce qui t’ anime le plus ?

La belle aventure de l’entrepreneuriat… Je suis passionné par ce que je fais ça ne fait aucun doute, mais je pense que la plupart des gens seraient horrifiés en grattant un peu le vernis de l’entrepreneuriat tel qu’il est dépeint dans les médias.

Tu vois le sang, la sueur et les larmes de Churchill? On n’est vraiment pas si loin : tout le monde semble oublier les 80% d’échec, le 7/7 (même quand tu prends ton we ou tes vacances, si ton téléphone sonne, tu décroches. Et comme en général un appel en appelle toujours un autre…), la vie sans salaire, les campagnes de phoning, la restriction de budget perpétuelle et j’en passe.

Pour autant je n’échangerais ma place avec personne : toutes ces contraintes te forcent à une inventivité perpétuelle, à développer ta résistance à l’échec, à rencontrer des nouvelles personnes tous les jours, à prendre la parole en public, à t’adapter, à affronter de nouvelles problématiques en montant en compétence en permanence (comment ne pas te faire prendre pour un jambon pour tes fournisseurs sinon? Parce que le prix d’un sac en papier c’est facile de dire si c’est cher ou pas, mais un procédé de création web ou graphique si t’es pas du milieu…).

Je pense que la plupart des gens seraient horrifiés en grattant un peu le vernis de l’entrepreneuriat tel qu’il est dépeint dans les médias.

En fait, il y a plusieurs choses qui m’animent : savoir que mes produits répondent à de vrais problématiques que nos clients ont parfois depuis plus d’une décennie (ça me paraît dingue en le disant à chaque fois), apprendre tous les jours des gens que je rencontre et regarder ma To Do List.

Et puis l’ego aussi c’est certain : se dire que tu peux réussir à perpétuer l’aventure, peut-être même créer de l’emploi et donc éventuellement faire vivre des familles, c’est gratifiant. Enfin j’ai encore quelques ToDoLists d’ici là…

3. Tu n’as, pour ainsi dire, jamais connu la vie en entreprise, tu n’as pas envie de tout lâcher parfois et de tenter ?

Ahahah ! Tout plaquer pour aller faire valider des process intermédiaires par un n+2 à la Défense.

J’ai quand même un peu d’audit financier au Luxembourg dans les jambes, mais tous mes seniors qui étaient contents de moi me demandaient ce que je faisais là…

Le problème qu’a une grande partie des créateurs d’entreprise, enfin mon problème plutôt, c’est l’autorité. Si tu veux me faire faire un truc il vaut mieux avoir prévu un argumentaire solide parce que je risque de questionner le sens et le mode opératoire. Et si je ne suis pas d’accord ça risque d’être un peu long ou de finir en jus de boudin. En audit t’as pas ce problème, en tout cas pas au niveau où j’étais, mais c’était évident que je ne rentrais pas dans le moule.

Tu es le co-fondateur de Karl & Max, qui sont Karl et Max ?

Karl et Max, pour Charles et Maxime, sont deux potes d’école qui un jour ont fait un projet d’étude en commun. Bon ça a un petit peu dérapé et depuis il y a 400 paires de godasses dans le grenier de mes parents… Mais ça va, tout le monde est content, c’est le principal.

Il y a un jeu de mot voulu avec l’économiste ou rien à voir (Rires) ?

Bien se chausser c’est Capital. Initialement on voulait juste faire l’opium du pied, c’était une révolution! Imagine : une chaussure pour tous, véritable et juste. Mais ce qui nous manquait c’était le nom ; la barbe de trouver le bon jeu de mots alors on a décidé simplement de mettre nos prénoms.

Parle-nous de vos produits ! Qui sont-ils ? Quelle est leur valeur ajoutée ? À qui s’adressent-ils ?

L’élégance sans souffrance, ou comment habiller n’importe quel pied en satisfaisant les yeux.

Nos chaussures sont top, c’est d’ailleurs pour ça qu’on est en train de discuter ! Mais pourquoi ? Simplement parce qu’on est parti d’un constat : les pieds ne sont pas standards.

Pourquoi certaines personnes devraient être sacrifiées sur l’autel de la morphologie ?

Aujourd’hui il semble évident de distinguer la largeur de la longueur pour un jean mais pas pour des chaussures alors que les conséquences ne sont pas les mêmes.

En fait, en discutant avec des podologues pour savoir ce qui faisait une bonne chaussure selon eux, on s’est rendu compte que c’est le volume interne qui comptait le plus (ça et quelques trucs comme la rigidité autours du talon ou la souplesse de la semelle externe : un peu mais pas trop). Quand le pied est trop à l’étroit, il ne peut pas se dérouler normalement lors d’un pas, en plus le sang circule mal donc il gonfle (attention ceci est l’ébauche d’un cercle vicieux).

On a donc créé une chaussure jolie (c’est le plus important), recommandable par un praticien et dont l’intérieur s’adapte à votre pied. Concrètement, ça veut dire quoi ? Ça veut dire deux largeurs disponibles par pointure et deux semelles amovibles et planes qui permettent d’augmenter le volume interne en fonction des besoins (pied qui gonfle beaucoup pendant la journée, grosses chaussettes, semelles, hallux valgus, etc.).

Cependant il n’y a pas besoin d’avoir de problème de pieds pour apprécier nos chaussures, simplement de vouloir un peu plus de confort et d’adaptabilité dans une chaussure de bonne facture.

Comment se passe le processus de création ?

Il se répartit en deux étapes.

La première est la conception de la forme et des caractéristiques techniques. Pour nous c’est le coeur du réacteur : la forme doit être confortable et équilibrée visuellement.

Dans l’imaginaire collectif une belle chaussure est fine, nous essayons donc de parvenir à la quadrature du cercle… La deuxième partie de cette première étape est le choix des éléments techniques (semelle extérieure, emporte-pièces, doublure, etc.) là encore nous avons un cahier des charges très strict et nous faisons valider tous nos prototypes à cette étape par un consortium de podologues bordelais (que j’en profite pour saluer bien que je doute qu’il soient lecteurs).

La seconde étape est plus cosmétique à mon avis et concerne les éléments finaux de la chaussure, à savoir la couleur des cuirs, le type de peausserie (lisse, vernie ou retournée), la présence éventuelle de trépointe. C’est la partie la plus sympathique mais d’un autre côté c’est là surtout que nous pouvons nous tromper en façonnant un modèle qui plaira moins. Pour le moment nous restons assez conventionnel pour cette raison.

Vous proposez des chaussures d’hommes mais aussi de femmes (merci pour ça!), est-ce difficile de créer des produits qu’on utilisera jamais ?

La vrai complexité c’est de ne pas pouvoir évaluer personnellement son produit et de se dire « Go! on lance la production ça a l’air bon ». On est légèrement perfectionniste dans le développement produit…

Je me rends compte que tu voulais peut-être plus parler du côté esthétique de la chaussure que technique du chaussant. C’est un plaisir, j’aime bien la chaussure femme en général, sans être fétichiste un joli talon c’est quand même super élégant voir sensuel. Et puis à mon avis on ne sera pas les premiers à ne pas utiliser ce qu’on produit…

Mêler confort/adaptabilité et esthétique, c’est a priori possible puisque vous le faites ? Pourquoi les grandes enseignes ou groupes ne l’ont jamais fait selon toi ?

C’est le moment que je préfère ! Celui des grandes théories ! En fait on se pose la question depuis le début et tu te doutes bien qu’on n’est pas allé leur demander. La réponse est assez complexe car elle a pas mal de ramifications à mon avis mais pour faire simple il semble y avoir quelques points majeurs.

Premièrement, notre concept nous impose 20 pointures chez la femme et 26 chez l’homme, donc question gestion de stock on a clairement traversé le Styx. Notre modèle économique continue de s’affiner avec l’expérience mais c’est un super casse-tête de trouver une rentabilité dans ces conditions.

Le deuxième point, c’est le parc de formes, car un institutionnel a ses clients depuis longtemps et ces derniers son globalement réfractaires au changement : rajeunir le parc de forme c’est brouiller tous les clients existants dans la sélection de pointure. Ensuite je pense que les gros acteurs sont suffisamment à l’abri du besoin pour le moment ce qui les rend peut-être moins proactifs (ce n’est qu’une théorie).

Le dernier point c’est qu’une bonne chaussure ça a un coût, les gens le savaient encore dans les années 80 mais la mode du plastic 90s et de la surconsommation a quand même pas mal bouleversé les choses.

Des chaussures sur mesure ? Ça veut dire deux largeurs disponibles par pointure et deux semelles amovibles et planes qui permettent d’augmenter le volume interne en fonction des besoins.

Je suis assez étonné de la proportion de quadragénaires avec qui j’échange et qui ne voient pas l’intérêt de mettre plus de 50€ dans une paire pour leurs enfants alors que les effets d’un mauvais chaussant sont quand même pas mal documentés scientifiquement.

Pour être transparent nous ne faisons pas assez de marge pour être distribué en boutiques, notre choix c’est de faire le moins cher du haut-de-gamme car c’est là que se trouve le meilleur rapport qualité prix pour nos clients. Mais nos chaussures sont quand même à 165€ chez la femme et 220€ chez l’homme ; en dessous via un canal de distribution classique c’est très compliqué de trouver de la qualité.

Vous fabriquez tout en Europe (Portugal), Karl&Max est-elle une entreprise responsable ? Quelle est la difficulté à ce niveau ?

On est pragmatiques avant tout. Le Portugal c’est l’endroit avec le meilleur rapport qualité/prix/facilité de suivi. Sans faire de communication autour de l’écologie on reste sensible à ces problématiques et nos décisions sont faites de bon sens autant qu’on peut. La vraie difficulté c’est que les gens ont des attentes élevées mais ne sont pas prêts à payer en conséquence (toute ressemblance avec une situation politique actuelle est purement fortuite).

Quelles sont les prochaines étapes pour Karl&Max ?

On a un gros développement en B2B car notre solution permet d’uniformiser les chaussures de collaborateurs tout en respectant les spécificités de chacun et en réduisant les risques de TMS. Notre avantage est la capacité à faire des modèles personnalisés en très petite série. On arrive ainsi à accompagner des structures de toute taille dans l’amélioration de l’image de marque et la valorisation des employés.

Un dernier conseil à nos lecteurs pour entreprendre ?

« Oublie que t’as aucune chance sur un malentendu ça peut marcher ». Ecoutez vos clients et votre marché pour vous adapter en permanence, jusqu’à trouver la bonne offre et le bon produit. Personne (ou presque) arrive avec son projet clé en main : plus vous vous adapterez vite plus vous aurez de chance de survivre !

Un grand merci à Maxime pour sa disponibilité ! 

Maxime a répondu à « l’interview Bonne ou Bobonne » dans notre story Instagram, c’est par ici ! 



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