Chaque mois, nous livrons nos coups de coeur rien que pour vous. Le meilleur de la culture mode et féministe à Paris , c’est ici !
La sélection du mois de juin
L’EXPO – Game of Thrones : the touring exhibition
Cette année 2018, il n’y aura pas de nouvelle saison de Game of Thrones, le final de la série n’étant prévu qu’en avril 2019. Mais que les fans en manque se consolent : une exposition inédite sur l’univers des Sept Couronnes leur permettra de patienter tout l’été.
2000 m2 d’espace seront ainsi dédiés au succès interplanétaire de HBO et scindés en huit scénographies conformes aux différents royaumes de la saga, des remparts ensoleillés de Port Réal aux reliefs glacés de Castel Black ou du Mur. Organisée à la Porte de Versailles, là où se tiennent habituellement le Salon de l’Agriculture et la Foire de Paris, Game of Thrones : the touring exhibition présentera les costumes, les accessoires et les décors authentiques du show.
Entre les robes régaliennes de Daenerys Targaryen, les armes des Sauvageons et les joyaux de la souveraine Cersei Lannister, les visiteurs pourront également découvrir l’oeuvre de George R.R. Martin au travers d’animations interactives qui demeurent encore secrètes. Pas de doute : l’évènement, dont le Carrousel du Louvre nous avait dévoilé un avant-goût éclair en 2015, devrait être prisé.
Alors n’attendez plus pour réserver vos places. Même si, pour vous payer l’entrée, il faudra piocher dans les caisses de la Banque de Fer…
LE FILM – Parvana
En lice pour l’Oscar du meilleur film d’animation, ce long-métrage cosmopolite n’a malheureusement pas remporté la statuette. Et pourtant, il ne l’aurait pas démérité ! Portant un regard sensible et clairvoyant sur les maux de la guerre au quotidien et l’enfance d’une petite fille dans les troubles de l’Afghanistan, Parvana fait immédiatement penser au Persepolis de Marjane Satrapi.
On y trouve la même créativité visuelle, la même spiritualité simple mais pas simpliste et le même supplément d’âme qui manque parfois aux réalisateurs adoubés par le milieu. Car si l’Irlandaise Nora Twomey nous a déjà éblouis avec un quartette cinématographique comptant From Darknessou Brendan et le secret de Kells, son travail reste encore assez confidentiel. Et ce bien qu’Angelina Jolie n’ait pas hésité à s’associer à ce projet en tant que productrice. Adaptation du roman éponyme de Deborah Ellis, Parvana relate le parcours émancipateur d’une jeune Afghane dont le père, écrivain, est arrêté, et qui prend la décision de se travestir en garçon pour pouvoir vivre sans contraintes.
Un portrait du courage et de la volonté sous lequel se dessinent également le visage de la débrouillardise (incarnée par la soeur) ainsi que la vaillante figure maternelle. Et même si la beauté de l’instant n’efface pas la violence environnante, ce film est une ode aux énergies féminines. Qu’elles couvrent leurs cheveux ou se les coupent à ras.
LA PIÈCE DE THÉÂTRE – Persona
Si l’improvisation constitue l’ADN du théâtre, cette pièce pourrait en être le corps cellulaire. Persona se réinvente en effet chaque soir, plaçant ses quatre comédiens dans une situation de confusion identitaire totale.
Réunis dans un appartement, le quatuor d’amis se retrouve confronté au plus handicapants des contextes : l’absence de personnalité. Forcés d’écrire en direct leurs rôles et ce huis-clos intense, avec la complicité du public, les acteurs livrent une puissante performance. Du spectacle vivant à l’état pur qui tient en haleine l’assemblée, à grand renfort de vacillations permanentes et audacieuses entre rêve et réalité, passé et présent, collectivité et claustration.
Riche en introspection et en rebondissements, reflétant une société déconcertée par l’imprévisibilité de son univers, Persona n’épargne donc personne. À l’image d’une psychanalyse sur les planches, drôle et intelligente.
Les lundis et mardis à 21h, du 4 au 26 juin 2018. Relache les 19 et 25 juin – Au Théâtre de Belleville (94 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris) – Réservations ici – Lien bande annonce.
LE CONCERT – Solidays
Depuis maintenant 20 ans, Solidays se pose en incontournable rendez-vous musical aux prémisses de l’été. Initié par Solidarité Sida, ce festival n’est cependant pas qu’une opportunité de se déhancher sur les hits des plus grandes stars des charts tels Jain, David Guetta, Django Django, Nekfeu, Eddy de Pretto ou Shaka Ponk.
C’est également l’occasion de rappeler l’importance de se protéger contre le VIH tout en récoltant des fonds visant à lutter contre cette maladie qui tue chaque année plus d’un million de personnes à travers le monde. Une cause primordiale et nécessaire à laquelle les artistes participants contribuent à titre gracieux, investissant de leur beat dynamique les cinq scènes dressées sur le site de l’Hippodrome de Longchamp.
Toutefois, le sérieux n’étant jamais mieux soutenu que par la plus joviale des fêtes, les 170 000 mélomanes attendus pourront aussi s’adonner à des activités diverses et conviviales, comme faire un tour aux attractions à sensations, se faire de nouveaux amis à la guinguette et se délecter de plats généreux en bonne compagnie. Car pour célébrer la vie, vivons-la à fond.
Du 22 au 24 juin 2018 – À l’Hippodrome de Longchamp (Route des Tribunes, 75016 Paris)
LE LIVRE – Bad Feminist
Oui, on peut défendre l’égalité des sexes et aimer le rose, les ongles manucurés et les émissions télévisées cul-cul la praline. C’est en tout cas ce que nous assure l’auteure américaine Roxane Gay avec ce titre aussi insolent qu’ironique.
Développant une réflexion révolutionnaire – qui lui a valu d’être encensée par le Times dès 2014 –, cette femme hors de tous stéréotypes (noire, obèse, lesbienne et fière de l’être) apporte un éclairage singulier et essentiel sur l’état actuel de la condition des femmes dans notre société. Lassée des prises de position parfois trop extrêmes des organisations militantes, exaspérée d’entendre que la féminité ne peut coller avec le féminisme, cette force de la nature nous rappelle qu’il faut assumer ses contradictions dans toutes ses revendications. Et tant pis pour ceux que cela dérange : fuck à la bienséance !
Rassemblant en un seul ouvrage ses chroniques publiées dans The Guardian et sur le site The Rumpus, Bad Feminist est un concentré de justesse et de baroque, oscillant entre le manifeste et le livre d’Histoire. Celle qu’il nous reste à écrire toutes et tous ensemble, qu’importe les étiquettes.
De Roxane Gay – Editions Denoël