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Les entrepreneurs auraient-ils la clé du bonheur ?

written by Solène 24 mai 2018

Comme ils sont critiqués ces valeureux de la « Start Up Nation » !  Et tout le monde en prend pour son grade. Les « fils de », les trentenaires en crise, les jeunots sans expérience et les quadra qui ne « baisent » plus. Pas de pitié pour ceux qui sortent du rang.

S’il y a bien une chose pour laquelle nous sommes doués en France, c’est passer des heures à refaire le monde. Comme si une bouteille de Chardonnay et une planche de charcuterie pouvait changer la donne au conflit israélo-palestinien. Ah ! Nous sommes plein de bonnes intentions nous, français aux cerveaux remplis d’idées brillantes pour un monde meilleur. Beaucoup de paroles et très peu d’actes, il ne faut pas déconner non plus ! Et pour excuse ? La gestion de nos propres problèmes qui ferait passer le rocher de Sisyphe pour de la rigolade.

Et nous sommes si sereins quant à la véracité de nos propos, si à l’aise avec l’idée de faire ce qu’il faut et d’avoir la bonne réponse aux équations insolvables de l’univers, que nous en venons à mépriser tout être humain qui ne se rangerait pas du coté des bien-pensants (le nôtre, donc).

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©campusfrance.org

Et ceux qui se font fustiger en ce moment ce sont les entrepreneurs. Alors, entendons-nous bien, ils sont en proie à la critique parmi tant d’autres et par « autres » comprenez ceux qui viennent perturber l’équilibre « parfait » dans lequel nous nous trouvions : les homos qui veulent des droits et des enfants (quelle idée!), les immigrés qui essaient de fuir les bombes (ces profiteurs de notre légendaire générosité), les écolos (ces bouffeurs de graines qui n’en branlent pas une) et les femmes qui elles aussi veulent des droits (si ça continue, nous allons devenir tous égaux en droits, quelle idée ridicule) et j’en passe.

Mais revenons à nos moutons qui n’en sont pas : les entrepreneurs. Symboles de la « Start Up Nation » prônée par notre cher Président, les entrepreneurs, peu importe qui ils sont – je m’excuse par avance du langage utilisé – s’en prennent plein la gueule. Alors, cela passe assez inaperçu car ce sont des propos glissés dans des conversations ou des phrases plongées dans un article de plusieurs pages. Mais la critique est bien là.

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Ces employés modèles qui confondent entreprenariat et fainéantise et qui traduisent alors leur quête du bonheur « plus de patron, plus d’horaires » par un « plus de boulot, plus de contraintes » à s’en mélanger les pinceaux. Ces entrepreneurs de 24 ans, qui lèvent des millions et se lancent dans un projet farfelu dans l’espoir d’appartenir au classement Forbes des « 30 Under 30 » au lieu d’économiser pour notre leurs retraites. Ces fils à papa nourris au piston qui ont fait des études à 15 000 euros l’année et à qui tout tombe dans les mains sans effort, ces femmes au foyer qui font leur petite crise de la quarantaine parce qu’elles ne se font plus baiser et vont dilapider les économies de leur maris avec leurs idées à la con. Bref Jean Michel-ine Connard-sse et ses potes ont pris des vitamines et ont les langues bien pendues.

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Alors dans cette analyse Ô combien pertinente nous pourrions creuser et relever une fois de plus les inégalités hommes-femmes dans les propos tenus – car elles sont nombreuses – mais ce n’est pas le sujet de cet article (mais il y en aura un, je vous le promets, chaque chose en son temps, arrêtez d’être des impatients !).

Même si la plupart d’entre eux n’en ont que faire de l’avis d’une « branleuse » de 30 ans qui a plaqué son CDI pour se lancer dans l’inconnu, je vais quand même le donner. Parce que comme tout entrepreneur qui se respecte j’ai évidemment un ego sur-dimensionné et j’ai très envie que Bernard et Micheline parlent de moi à leur prochain apéro !

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Entreprendre, qu’est-ce que c’est ?

Entreprendre c’est se mettre en situation de risque chaque jour. C’est affronter nos doutes, nos peurs et nos points faibles à chaque minute de la journée. Mais encore, c’est être responsable et avoir des responsabilités (oui, il y a une nuance). C’est travailler deux fois plus que tout le monde.

C’est en permanence chercher à comprendre ce qui va, ne va pas et se remettre en question. Aussi, c’est dormir peu la nuit et moins voir ses proches. C’est n’être sûr de rien mais prendre tout de même une décision qui pourra tout changer.

Il faut également exceller dans l’art de la polyvalence. Également, mettre sa vie personnelle en péril, avoir une situation financière incertaine. C’est ne pas savoir de quoi demain sera fait. C’est connaître l’échec et le surmonter. Enfin, c’est un grand saut dans le vide sans parachute.

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©thecitizen.co.tz

Être entrepreneur, c’est être comptable, commercial, communicant, stratège, manager et opérationnel à la fois. Entreprendre c’est avoir une personnalité qui répond aux critères de ces offres d’emploi que nous trouvions fantasques (« cherchons licorne qui bosserait 120h par semaine et serait payée au SMIC »).

Les entrepreneurs se doivent de faire leur auto-critique quant à leurs capacités, qualités et défauts. C’est se former et combler ses faiblesses. Plus encore, c’est apprendre à bien s’entourer pour rester fort et avancer. Mais surtout, l’entreprenariat c’est de la discipline.

Que nous soyons freelance, repreneurs, start-uppers, bloggeurs, que nos ayons hérité d’un empire ou d’une petite PME : nous  affrontons tous les mêmes incertitudes.

Tous dans le même navire : rêveurs et optimistes

Mais il y a deux autres critères non-négligeables pour y arriver. Tout d’abord il faut être un rêveur. Avoir envie d’aller là où personne n’est allé auparavant, par passion du métier, d’une cause, d’un message à faire passer ou par passion du business et de l’accomplissement tout simplement. Et ensuite savoir vivre. Je ne parle pas du savoir-vivre mais de la capacité à apprécier la vie, être optimiste et positif. Il faut apprendre à aimer chaque minute de la journée.

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©moviemezzanine.com

Nous répétons sans cesse que le bonheur est celui de l’instant présent. Le positif et l’optimisme entrainent ces sensations de bonheur. Lorsque vous entreprenez, vous vous devez d’avoir cette mentalité. Celle du moment présent et la certitude que le prochain sera un succès.

En France, nous sommes les champions de la négativité. Lorsqu’il s’agit de business, de modèles à suivre nous nous tournons très souvent vers nos confrères étrangers. Les pays anglo-saxons pour leur sens de l’initiative, les pays asiatiques pour leur acharnement au travail, l’Amérique Latine pour sa jovialité sans faille etc. Ils ont le sens du travail, de la détermination et de la perfection certes mais aussi cette capacité à se réjouir de la vie et de ce qu’ils ont à l’instant t.

Cet état d’esprit optimiste et positif, cette capacité à relativiser et ne pas s’enfermer dans une victimisation permanente mais plutôt à se relever et chercher des solutions avec le sourire.

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©psychologie.com

L’enfer c’est les autres

Nous sommes très mauvais en bonheur. Cela explique aussi pourquoi il y a autant de segmentation. Nous sommes de piètres heureux et pire : nous nous refusons de voir l’autre heureux tant que nous n’aurons pas atteints notre définition du paradis. Au lieu de prendre exemple, nous critiquons, jugeons et n’en résulte alors que haine et frustration. Dommage, non ?

« L’enfer c’est les autres ». Cette citation, sûrement la plus connue de Jean-Paul Sartre, achève la pièce de théâtre Huis Clos (1943). Huis Clos relate l’arrivée de trois personnages en enfer. Deux femmes et un homme cherchant à comprendre ce qui a pu les y conduire et quel est leur châtiment. Ils comprennent rapidement qu’il n’y a pas de bourreau, car chacun des deux autres est le bourreau pour le troisième. Leur châtiment consiste à vivre pour l’éternité tous les trois, à coexister, à se détester et à se supporter. Sartre illustre parfaitement le conflit qui existe entre notre rapport à l’autre (l’image que que l’on souhaite renvoyer) et nos comportements guidés par notre conscience (ce que nous sommes réellement).

Là, se trouve la clé du bonheur : savoir se faire confiance, se défaire d’autrui, se forger son opinion et avancer avec ses propres convictions. En définitive, chacun fait ce qu’il veut, n’en déplaise aux autres.

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Si vous n’avez pas encore vu l’excellente série « The Good Place » à ce sujet, allez-y, c’est une excellente critique de notre société et pertinente illustration moderne de Sartre

Bref. N’ayez plus peur de l’autre, de ce qu’il est ou ce qu’il fait. Soyez curieux. Et si nous renversions la vapeur ? Qu’est-ce que le bonheur ? Vous avez 3 heures.

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1 comment

Le blogueur, cet entrepreneur en manque de crédibilité. • BOBONNE 8 novembre 2018 at 18 h 52 min

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