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Tu veux faire quoi quand tu seras grande ?

written by Solène 20 octobre 2016

Il y a quelques jours je suis allée parler de mon métier à de jeunes adultes et des adolescents … Et je suis passée par plusieurs sensations et sentiments relativement mitigés.

Je suis une working girl.

Je travaille en agence de marketing, je me suis donc retrouvée à expliquer ce qu’était le marketing, la communication, la stratégie de marché, l’opérationnel, le digital, les influenceurs, le positionnement d’un produit, les tendances, les relations presse, la publicité, etc. Toutes ces nuances qui m’étaient encore inconnues il y a une dizaine d’années. A l’époque, je voulais juste être Amanda Woodward dans Melrose Place.

 

(Etre une bitch powerful en fait)

En gros je voulais être blonde, grande, mince, américaine, avoir de l’argent, diriger des gens qui travailleraient à ma place et me la couler douce dans la super piscine de ma résidence à mater mon voisin biker. Je n’avais alors pas compris – sotte que je suis – que ce n’était pas la vraie vie mais une série …

Aaaah ! Ben fallait prévenir aussi, qu’en fait le concept, c’était bosser comme une tarée, faire des heures et ne plus avoir de vie sociale, et que quand tu diriges des gens tu dois bosser plus qu’eux, prendre des décisions, avoir des responsabilités, stresser, ne pas dormir… tout ça … SU-PER.

Alors je les ai prévenus, qu’il fallait avoir les nerfs solides, être résistant au stress, être endurant, être capable de passer d’un dossier à l’autre, être polyvalent et le tout sans broncher. Ça ne leur a pas fait peur, bien au contraire, ils en veulent de cette vie.

Ils veulent être cette personne qui en chie, et pourquoi ? Parce qu’aux yeux de la société, ça veut dire qu’on en est capable, qu’on gère. Et ça c’est la classe.

On en reparle dans 12 ans mes chéris.

Je suis cool !

Ils avaient des étoiles plein les yeux, ma vie les faisait rêver, mon métier est « cool » « trop fun » « trop intéressant »… J’ai eu le droit à des « j’aimerais trop faire ça », « Ça doit être génial » « et il faut faire comment pour arriver la ? »

La réponse classique aurait été, ben faut payer une putain d’école de commerce (qui apparemment t’apprend que dalle, parce que tu es en M1 et incapable de faire la différence entre le marketing et la communication), puis ben faut en chier, lécher les bottes des recruteurs parce que, mon petit, t’es pas le seul à trouver le marketing « trop cool », et puis après tu fermes ta gueule et t’écoutes ton boss parce que ton CDI c’est le Graal !

Je ne l’ai pas dit comme ça histoire de ne pas les casser tout de suite. J’ai surtout essayé de leur dire que l’expérience et l’attitude (sous-entendu professionnelle) valaient plus que tous les diplômes du monde, puis je leur ai aussi dit que ce n’était qu’un job. Ce n’est qu’un job. C’est important de s’en souvenir.

Et puis je me suis aussi dit, que je me plaignais beaucoup, mais qu’il était vrai que j’avais un job vraiment très cool et fun, et que surtout j’avais eu le privilège de pouvoir le choisir.

Je suis surprise.

En 2h, j’ai rencontré environ une dizaine de jeunes et disons que 80% n’avaient:

  • aucune idée de ce qu’ils voulaient faire,
  • se retrouvaient dans une filière qui ne leur correspondait pas dû à un manque d’accompagnement lors de leur orientation
  • et venaient me voir parce qu’ils voulaient faire du marketing mais n’avaient en réalité, aucune idée de ce que c’était (mais ils voulaient en faire …)

… DONC, on en parle ou pas de ce manque d’information ? On fait quelque chose ?

Je suis agacée.

Chers parents, chers profs. NON, cette génération ne fera pas qu’un seul métier dans sa vie. S’ ils choisissent une voie et qu’ils se trompent, il existe des milliers de solutions pour se ré-orienter/se former, bref ils retomberont sur leurs pattes. Ils sont débrouillards, ont mille idées à la minute, et ont envie de faire plein de choses. Ne les mettez pas dans une case. Ne les freinez pas.

Accompagnez-les, orientez-les, formez-les, guidez-les. Ils ne sont pas vous. Le monde dans lequel ils entrent, n’est plus celui que vous avez connu. L’entreprise évolue, la société évolue.

Les codes ont changés : Adoptez-les.

Oui il faut avoir un métier, oui il faut subvenir à ses besoins. Evidemment. Mais un choix n’est pas irrémédiable. Ça ne reste qu’un choix (oui bon on parle de vie professionnelle, hein, évitez de vous refaire le nez, c’est plus relou pour revenir en arrière). Un choix, qui entraînera d’autres choix. c’est tout. Pas de panique.

Group of young people using laptop.

Ou vais-je ? Que fais-je ?

Petite rétrospective de mes envies professionnelles : Poète (si, si je vous jure), journaliste, architecte d’intérieur, bosser dans la musique. A partir de là, l’école de commerce est arrivée et disons que j’ai suivi le chemin (comme Kyo).

J’aime ma vie. Est-ce que j’ai envie d’en changer ? Oui, à peu près 10 fois par jour. Est-ce que je le ferai ? Sûrement. Quand, quoi, où ? Je ne sais pas encore.

Tout peut arriver, tout est possible. C’est là, toute la beauté de la vie.

 

 

INFO: Pour vous, chers adolescents, jeunes étudiants un peu perdu, et ayant besoin tout de même de faire leurs premiers choix, je vous conseille la plateforme Job IRL, qui met en contact des étudiants avec des professionnels. Posez leurs vos questions, ils sont là pour ça.  

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7 comments

Haribox 21 octobre 2016 at 15 h 53 min

Moi qui viens d’avoir mon tout 1er CDI en tant qu’assistante comptable, je souhaite maintenant carrément changer de métier et passer par la case réorientation pour adulte… direction CAP esthétique ! il me reste 1 an à tenir dans mon poste actuel pour que l’organisme de formation puisse prendre en charge mon dossier et payer mon école 🙂 j’ai hâte de commencer ma nouvelle vie ^^

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Blue Berry 21 octobre 2016 at 16 h 03 min

Wouahou ! Genial si tu as trouvée ta voie c’est le principal ! Courage pour cette nouvelle vie, un an ça passe vite, reste concentrée sur ton objectif 😉

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Pazzapa 23 octobre 2016 at 5 h 49 min

J’ai adoré lire cet article, fluide et surtout vrai. J’ai fait mes études en « com’  » (oui parce que communication, c’est plus ringard que com’ quand même) juste parce que c’était cool et fun…mais c’est quelque chose qui ne correspondait finalement pas du tout avec ma personnalité et je ne m’éclatais pas à faire ça. Je suis quand même allée jusqu’au bout (master 2 quoi) parce qu’on m’y a poussé. Parce qu’il fallait avoir un diplôme. J’ai même commencé à travailler dans le domaine en trainant des pieds chaque matin jusqu’au jour où j’ai compris que je me condamnais moi-même en faisant ça. J’ai repris mes études et aujourd’hui, je travaille dans l’informatique. Je traîne toujours autant les pieds le matin (ça reste « le boulot ») mais différemment 😛 Bref. Tout ça pour dire qu’en fait, effectivement, quand on est jeune, on peut être influencé. On peut penser qu’un métier est cool juste parce que ça sonne bien. Juste parce qu’à la TV, ça semble cool (c’est comme ça que j’ai aussi voulu faire du droit, coucou Ally McBeal)….Mais la vérité est qu’il faut être sur le terrain pour savoir si c’est vraiment fait pour nous ou pas.

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Blue Berry 23 octobre 2016 at 17 h 21 min

Ally McBeal ! Ahah ! J’adore. Je suis également passée par cette phase, et par bien d’autres d’ailleurs 🙂 Tu es courageuse d’avoir repris tes études, j’y pense souvent mais j’aimerais me réorienter sans passer par la, si je dois le faire un jour ! En tout cas je suis ravie que l’article t’ai plus, c’est pour ça que j’écris 😉

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Céline 23 octobre 2016 at 8 h 39 min

Plusieurs vies pro dans une vie, ça me parait tellement évident ! A 34 piges je me réoriente et repose mes miches sur les bancs de l’école en janvier. La dure réalité est qu’effectivement il y a un gros soucis avec l’information aux jeunes. J’ai des souvenirs de « y a plus de place ici, tu feras ça ». Ok et si ça ne me plait pas ? Au final je me dis que j’ai eu de la chance d’être débrouillarde et d’être tombée sur des entreprises qui ont vu ma motivation a apprendre. Mais après 14 ans de taf, il était temps pour moi de reprendre les choses en main avec une vrai formation et un diplôme a la clé.
Merci pour ton article, il faudrait plus d’intervenants comme toi auprès des jeunes, qui, sont persuadés qu’une fois qu’ils auront choisi leur voie, ne pourront plus en sortir.

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Blue Berry 23 octobre 2016 at 17 h 25 min

Merci Céline, oui je suis bien d’accord, il y a un réel problème quant à l’orientation, il y a tout un système à changer, qui ne correspond plus à la génération actuelle … Bravo à toi de reprendre tes études, c’est très courageux, et j’espère que tu y trouveras ton compte, moi à 31 ans, ça me trotte dans la tête mais je n’arrive pas à passer le cap ! Merci à toi pour ton commentaire, ça fait plaisir de voir que je ne suis pas la seule révoltée par tout ça 🙂

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Les millennials : une nouvelle culture, une nouvelle approche du travail. 14 décembre 2017 at 12 h 12 min

[…] sont les enfants de la précarité, les millennials savent qu’ils devront bouger, chercher, évoluer, en permanence. Qu’ils doivent rebondir plutôt qu’approfondir. L’adaptabilité sera leur chemin de croix, […]

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